Le CPP, une faction de l’UPC et le Manidem ont appelé le chef de l’Etat à finir son mandat et assurer le toilettage de la loi électorale.
«Non! Nous refusons d’observer les appels destinés à monsieur Biya, sans un mot. Et si on le fait, c’est pour ne pas laisser la voix à d’autres». Très remontée en début d’après midi le 05 février 2016, Edith Kah Walla ne peut se contenir avant de prendre place.
Pour se remettre à flot, la présidente du Cameroon’s People Party (CPP), adoubée par Alexis Ndema Same, président de lʹUnion des populations du Cameroun ( UPC, faction dite des «fidèles»), souligne qu’«il n’est pas question cette fois de se faire dépasser par l’appel et celui qui contrôle le calendrier électoral au Cameroun ». Là se trouve tout le sens de la conférence de presse conjointe CPP, UPC et Manidem (absent).
Election anticipée
Voilà un sujet qui corse l’ambiance entre les principaux orateurs et les journalistes. La posture de Kah Walla et de Ndema Same indique que le mot d’ordre interne de leur mouvement est de ne surtout pas en parler «pour ne pas lui donner d’écho même si le planning aménagé est avéré, connu, et tend à s’enraciner depuis un certain temps au sein de l’opinion publique nationale et internationale ».
Pour eux qui capitalisent sur les échecs antérieurs, le coup peut-être joué cette fois. Il est d’autant plus jouable qu’il est concomitant à la situation socioéconomique et politique du pays. «Valider la tenue d’une élection anticipée dans un contexte où il est difficile de décliner ce qui a changé positivement dans la vie des Camerounais, reste insensé.
Il faut que le pouvoir actuel paye son échec sur le front du chômage et de la vie chère qu’il n’a pas su, ni assumer ni expliquer», hurle Kah Walla. Circonstance aggravante selon elle, c’est la tentative de hold up électoral orchestrée par certains membres du gouvernement et autres responsables administratifs membres du RDPC.
«Ces gens veulent faire accepter une décision impopulaire en la présentant comme nécessaire, en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite.
Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que «tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. Or, le code électoral mérite une révision sérieuse», argumente Alexis Ndema Same.
A en croire les leaders du CPP et de l’UPC, tout est déjà presque en place, acteurs et décor. Dans les rangs du parti au pouvoir, «certains profitent de l’aubaine».
Face aux journalistes, Alexis Ndema Same et Kah Walla dévoilent que «tous (les hauts cadres du RDPC) ont compris que leur avenir politique se jouait là, et que la valeur du trophée présidentiel valait bien une bruyance particulière avec une compétition féroce pour le leadership au sein de chaque pôle, qui se donne à voir aussi comme une guerre brutale des chefs et qui oblige à des restructurations partisanes».