Résidence d’un sous-préfet incendiée, corruption, népotisme, trafic d’influence… tout y passe.
Au commencement était la circulaire du président national du Rdpc, Paul Biya, prise le 08 juillet 2021, qui annonçait le renouvellement des organes de base. 360 sections du territoire national et 17 implantées à l’étranger sont concernées. Puis, il y a eu une circulaire d’application prise par le secrétaire général, pour fixer les règles quant à l’opérationnalisation de ce renouvellement.
Peuvent en principe y participer, les militants inscrits dans le cadre des opérations de validation du sommier politique qui a eu lieu entre mars et avril derniers, les militants à jours dans leurs cotisations…
Depuis le lancement proprement dit de l’opération le 07 août, les drames se succèdent. On note bien que les pratiques douteuses qui émaillent souvent les élections nationales ont fait leur lit dans les rangs du Rdpc qui fait face à de profondes divisions.
Corruption, népotismo, passe-droit, trafic d’influence, bourrage des urnes… tout y passe. Des gens sans carte de membre du parti s’en sont fait établir une dare-dare, pour prendre part aux joutes électorales et candidates Aucune région n’est à l’abri. Des pratiques à la source de nombreux conflits avec les militants de base du parti au pouvoir, dont certains se terminent souvent par des drames.
Incendie
Dans la région du Sud, plus précisément dans la localité de Bengbis, la demeure du sous-préfet a été incendiée. Comment en est-on arrivé là ? En effet, trois listes soutenues par les “élites” de cette localité étaient en lice pour la conquête de section du Rdpc de la localité.
Une soutenue par Martial Zang, le Président du Comité Technique de Réhabilitation des entreprises publiques, la seconde par Paul Éric Ebolo, homme d’affaires, et la troisième par la députée, questeur à l’Assemblée Nationale, Pauliné Ndou-mou. Si la liste, Martial Zang respectait les conditionnalités du Comité Centrale du RDPC, ce n’était pas le cas des deux autres.
La tête de liste de Paul Éric Ebolo, a réussi à introduire dans les documents exigés, un document prouvant ses états de service dans le Rdpc à Soa. C’est ainsi qu’après vérification et recoupements, le Président de la commission de renouvellement des organes de base du parti au flambeau ardent, à Bengbis, Richard Evina va constater que Paul Éric Ebolo n’a jamais occupé un poste de responsabilité dans la section Rdpc de Soa.
Il en sera de même pour Thomas Kombo, qui se prévaut d’un militantisme assidu dans la section Rdpc d’Efoulan à Yaoundé 4, avec à la clé, un poste de vice-président. Un coup de fil au député de cette circonscription politique viendra démontrer qu’il n’en est rien.
Face à cette situation, la commission n’avait d’autre choix que d’éliminer les listes des faussaires. Il n’en restera donc qu’une seule, celle soutenue par Martial Zang. Les disqualifiés vont donc entreprendre de menacer les membres de la Commission, les accusant d’avoir été corrompus par le Président du Ctr.
Les pneus du véhicule de Richard Evina, vontainsi être dégonflés. D’autres actes de violence vont suivre. C’est à ce moment qu’interviendra le Sous-préfet. Les gendarmes appelés à la rescousse à cet effet vont faire sortir les mécontents de la salle, non sans résistance. Le Sous-préfet va être accusé de parti pris et de corrompu…la suite sera l’incendie de son domicile.
Vives oppositions
Toujours dans le Sud, Sang-mélima s’est aussi invitée dans la danse. Les querelles ont été telles que les élections ont été bloquées et la ville placée sous haute surveillance. En cause, l’invalidation de la candidature du sieur Jean Sylvian Mvondo, directeur de la programmation et des investissements au Minepat, par la commission départementale présidée par le sénateur Obam Assam.
Une invalidation qui va entraîner une levée de’ boucliers de la part de certaines élites. Notons que cette candidature avait en amont été validée par la commission communale présidée par Remy Ze Meka. Le scrutin à Sangmélima a finalement été fixé à samedi dernier.
Dans le Mfoundi I, c’est la cacophonie. Le président de la commission communale de sélection des candidatures, le sénateur Essomba Tsoun-gui, a été accusé de vouloir faire passer en force la candidature d’un candidat ayant dépassé l’âge limite de 35 ans révolus. Les jeunes en colère, face à ce qu’ils ont qualifié de violation des textes du parti, n’entendait pas se laisser marcher dessus.
A Elig-Mfomo, une commune située dans la région du Centre dans le département de la Lékié, une arme à feu a été sortie lors du renouvellement des organes. Heureusement, la foule a maîtrisé le porteur d’arme.
Cette section Rdpc n’est en effet pas restée en marge des accusations de tripatouillages et autres fraudes qui entourent les opérations de renouvellement des organes de base du parti au pouvoir. Des voix se sont élevées pour crier à la mascarade et ont saisi la hiérarchie pour demander l’annulation partielle du scrutin.
Dans la journée du 20 septembre dernier, les usagers de la nationale N° 4 ont vu le trafic perturbé. Des militants du Rdpc ont bloqué la circulation sur l’axe Yaoundé-Ba-foussam. Ils ont posé des barricades au niveau de Kon-Yambetta, dans le. département du Mbam et Inoubou, région du Centre.
Ils dénonçaient une répartition inégale des places au sein des bureaux des instances de base. Selon leurs dires, l’instance suprême (comité central) du parti, serait à l’origine de la discorde. Les figures populaires ont été écartées au profit des personnes qui montrent peu d’engagement politique. N’eut été l’intervention des forces de l’Ordre, la situation ne serait pas revenu à la normale.
Bagarres
A Meiganga dans l’Ada-maoua, l’on a vécu des scènes de pugilat. Cette ville du Cameroun, chef-lieu du département du Mbéré, a été vivement secouée par une crise interne au parti Rdpc dans le cadre des élections devant permettre au renouvellement des organes de base. La commission du RDPC a été accusée de fraudes dans ces opérations.
Les militants dénonçaient le passage en force que tentaient d’opérer certains cadres du milieu en faisant introduire une nouvelle liste électorale. Cette situation a entraîné une bagarre générale dans un bureau de vote. Coups de poing, menaces et insultes ont pris la place des bulletins de vote. L’affaire a été portée auprès des services spécialisés de la police. Ibrahima Hayatou, secrétaire général de la section, a été auditionné au commissariat central aux renseignements généraux de la Vina.
Dans la Sanaga- Maritime, les militants ont tout simplement bloqué le processus pour non-respect des dispositions de la circulaire. Le président de la commission, Hans Nye-tam, a été accusé d’avoir validé les candidatures de personnes non-éligibles. Vendredi dernier, la siège de la commission a été pris d’assaut par les militants qui ont bloqué toutes les sorties.
Dans le Wouri, à Ndogpassi III, les mêmes scènes ont été vécues.
Saccagement
Dans la région de l’Ouest, notamment à Bangangté, des échauffourées ont eu lieu. La maison du parti a été vandalisée et incendiée dans la nuit de samedi 25 au dimanche 26 septembre 2021. 105 urnes, des ordinateurs et les bulletins de vote partis en fumée. Ici, chaque clan veut imposer son candidat. Des faits suffisamment graves, qui ont imposé le déplacement du délégué régional de la sûreté nationale de l’Ouest, qui est parti de Bafoussam pour Bangangté, avec un renfort de policiers.
Ce dimanche, c’est le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, qui a dû se déplacer à Bangangté accompagné d’agents des forces de l’ordre et de sécurité. Notons que dans cité capitale du département du Ndé, Eric Niât, fils de l’autre et maire de Bangangté ; et Ketcha Courtes, se livrent une lutte sans merci.
Avant la fin des opérations prévues le 30 septembre prochain, on en verra sans doute d’autres.