L’avocat qui a notamment servi au Tribunal pénal international pour le Rwanda craint la survenue d’un génocide qui viserait les révoltés du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
L’avocat et homme politique camerounais Jean De Dieu Momo redoute le pire pour son pays. Il a exprimé ses craintes le matin de ce 10 octobre 2017 sur Radio Balafon, une antenne émettant de Douala. Selon lui, la crise anglophone « est porteuse de germes de génocide ».
Pour ce juriste qui a servi au Tribunal pénal international pour le Rwanda « la situation en zone anglophone ressemble à ce qui s’est passé au Rwanda avec des manipulations à travers la télévision, les radios ».Evoquant l’exemple du Rwanda, il déclare que la télévision et la radio officielles étaient les instruments principaux appuyés dans leurs sombres par la tristement célèbre Radio télévision des mille collines. Pour lui, la situation au Cameroun obéit à cette configuration.
« Comme au Rwanda, la Radio des mille collines était une radio privée mais qui était rattachée au gouvernement. On en voit, on parle des télévisions comme Vision 4 à Yaoundé où des gens s’expriment de façon terrible. Ils ne pèsent même pas leurs mots. Les choses qui se disent là-bas me font peur. Parce que je vois le spectre du génocide rwandais. On a opposé francophones et anglophones ? Ce qui fait que si l’étincelle prend feu, vous allez assister à des tueries entre anglophones et francophones qui ne sont pas des ennemis fondamentalement » ?
Pour le président national du parti politique PADDEC (Patriotes démocrates pour le développement du Cameroun). « Ce que le RDPC fait c’est exactement ce que le parti de Habyarimana a fait au Rwanda ». Il illustre son propos à travers des informations faisant état de rafles d’anglophones effectuées à Yaoundé par l’armée. Selon lui, les raisons avancées par le pouvoir pour expliquer la répression contre les révoltés ne sont pas les bonnes.
« On a dit au peuple que ces gens-là veulent se séparer du Cameroun. On a fait un amalgame incroyable entre les sécessionnistes qui sont une minorité et les fédéralistes qui sont exacerbés par la mauvaise gouvernance du Cameroun et qui rencontrent les mêmes problèmes que les gens du Nkam, du Mbam, de l’Est, de l’Ouest, du Nord et qui disent que si on faisait le fédéralisme, c’est à-dire ne pas mettre nos œufs dans le même panier central, les distribuer par Etats fédérés, alors chaque Etat s’occuperait de ses routes, de faire ses pistes, ses écoles au lieu de centraliser tout.
Or on a expliqué à Yaoundé que le Cameroun est un et indivisible. Or si vous demandez le fédéralisme ça veut dire que c’est la division du Cameroun. Ça c’est faux », conteste le juriste pour qui le message passe en ce moment parce que le Cameroun est à 80 % « analphabète » et ne comprend pas les enjeux.