Boycott du 20 Mai: le SDF répond au sous-préfet de Mbanga

Jean Michel Nintcheu Jean-Michel Nintcheu, président régional du SDF dans le Littoral

Sun, 21 May 2017 Source: cameroon-info.net

Le président régional du Littoral, Jean-Michel Nintcheu, trouve «ubuesque et abracadabrantesque» l’injonction du chef de terre à un élu de son parti.

Jean-Michel Nintcheu répond à Georges Magloire Bassilekin. Le président du Social dmocratif front (SDF) pour la région du Littoral a réagi à travers une lettre datée du 18 mai 2017 à la correspondance du sous-préfet de Mbanga qui enjoignait le conseiller municipal SDF nommé Tedjouteu de prendre part aux festivités marquant la fête nationale de l‘Unité mais que sa formation politique a décidé de boycotter. Le député du Wouri parle dénonce une « position ubuesque et abracadabrantesque » du sous-préfet lorsqu’il évoque un décret pour expliquer l’ordre donné au président de la circonscription électorale du SDF à Mbanga. Pour Nintcheu, ce décret est issu de la période du parti unique.

L’administrateur civil est accusé de vouloir « ramener » le Cameroun « aux heures les plus sombres de l’histoire de nos libertés, à une époque où les libertés d’association, de réunion, et d’expression étaient soumises au bon vouloir du prince ». Jean Michel Nintcheu réitère à l’endroit de Georges Magloire Bassilekin que « le SDF ne participera pas aux festivités marquant la célébration de la quarante cinquième fête de l’unité nationale et nos militants qui sont attachés au respect de la discipline du parti, savent bel et bien à quoi s’attendre en cas de contravention ».

Voici l’intégralité de la réponse du président du SDF pour le Littoral au sous-préfet de l’arrondissement de Mbanga

Douala, le 18.05.2017

A

Monsieur le Sous-Préfet de

L’Arrondissement de Mbanga

Monsieur le Sous-préfet,

Je viens de prendre connaissance de votre correspondance N° 149/L/C16.04/S.P adressée au président de la Circonscription Electorale du SDF dans la ville de MBANGA, lequel y est par ailleurs, conseiller municipal.

Par ladite correspondance, vous exigez sa présence aux festivités marquant la quarante cinquième fête nationale de l’unité, ceci en réaction à la décision prise par le Président National du SDF de ne pas participer à ladite fête, ce, au regard de l’effritement de l’unité nationale pour lequel le gouvernement RDPC dont vous êtes le défenseur est entièrement responsable.

Pour soutenir votre position ubuesque et abracadabrantesque, vous vous arcboutez sur le décret numéro 76/424 du 16 septembre 2016 qui non seulement relève d’une autre époque, mais encore ne résiste pas à l’analyse même superficielle.

En effet d’une part, il n’est pas inutile de vous rappeler que le décret n° 1976-424 auquel vous faite référence, a été pris à une époque où la démocratie et le multipartisme avaient été mis en quarantaine par l’UNC devenu par la suite RDPC, ce qui est fort révélateur de l’idée que l’administration actuelle se fait de l’idéal démocratique.

Il est regrettable et fort dommageable que vous essayiez de nous ramener aux heures les plus sombres de l’histoire de nos libertés, à une époque où les libertés d’association, de réunion, et d’expression étaient soumises au bon vouloir du prince.

Le décret auquel vous faites référence, fait-il allusion aux partis d’opposition pour que vous puissiez le brandir de manière triomphaliste. Pourtant, dans ledit décret que je me suis fait l’obligation de parcourir, il est fait mention de l’UNC (devenu RDPC), remettant partant en question l’idéal démocratique scandé par le patron du RDPC que vous défendez sans aucune grâce.

L’UNC (RDPC) n’est plus le seul parti politique Camerounais et la démocratie obtenue de haute lutte par le peuple Camerounais au prix du sang de ses martyrs ne peut pas être remis en question par votre seule volonté.

En effet d’autre part, le Décret numéro 1976/424 du 16 septembre 1976 est depuis longtemps tombé en désuétude.

Ce décret a implicitement été partiellement abrogé par l’article 22 de la loi n° 90/056 du 19 décembre 1990 relative aux parties politiques, sauf à vouloir confirmer à l’ensemble de la république que le RDPC (UNC) est effectivement le seul parti politique à avoir rang protocolaire au Cameroun lors des réunions et manifestations publiques et mépriser partant au plus haut niveau, tous les partis d’opposition au Cameroun et la démocratie en général.

La loi numéro 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d’association et celle numéro 90/055 portant régime des réunions et des manifestations publiques militent également en faveur de la thèse de la désuétude du décret numéro 76/424 du 16 septembre 1976.

Par ailleurs, l’article 65 de la constitution dispose que : « Le préambule fait partie intégrante de la constitution »

Le préambule de la constitution que vous n’avez pas daigné vous remémorez dispose que : « La liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale et le droit de grève sont garantis dans les conditions fixées par la loi ».

Vous devez convenir avec moi, que votre seule correspondance ne peut entraver les droits et libertés constitutionnellement garantis.

Le SDF par ma voix vous remercie d’éviter à l’avenir des sorties aussi disgracieuses pour notre pays et qui s’apparentent plus à de l’intimidation qu’à autre chose.

Je vous invite plutôt à suggérer au gouvernement que vous représentez à MBANGA, des solutions visant à consolider l’unité nationale qui semble être l’objectif par vous défendu.

Il serait par exemple intéressant que la mise sur pied de la décentralisation contenue dans la constitution du 18 janvier 1996 soit effectivement implémentée et que le chef de l’Etat quitte sa tour d’ivoire d’Etoudi pour se rendre dans les régions sinistrées du Nord-ouest et du Sud-ouest à l’effet d’apporter du réconfort aux populations et montrer qu’il partage leurs préoccupations.

Une telle attitude servirait mieux l’unité nationale que vous défendez et donc la déconstruction trouve fondement dans l’attitude des gouvernants camerounais.

Monsieur le Sous-préfet, votre interpellation a été notée, mais croyez-moi, le SDF ne participera pas aux festivités marquant la célébration de la quarante cinquième fête de l’unité nationale et nos militants qui sont attachés au respect de la discipline du parti, savent bel et bien à quoi s’attendre en cas de contravention.

J’espère ainsi vous avoir définitivement fixé sur la position du Front Social-Démocrate.

Dans l’intervalle,

Recevez Monsieur le Sous-préfet,mes salutations distinguées.

Pour le SDF Littoral,

Le Président Régional

Jean Michel NINTCHEU

Source: cameroon-info.net
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